Jour 123 - Le 2è effet Kisskool où la difficulté de naître lapin
Amis de la nature, protecteurs de la vie animale, âmes sensibles... Ce post n'est définitivement pas écrit pour vous et je ne répondrai de rien si vous persistez à lire les lignes à venir.
Quelque peu lassé de la monotonie alimentaire ambiante répondant à un doux rythme binaire: riz-poisson, poisson-riz, riz, poisson... J'ai décidé de changer un peu la mélodie juste histoire de valser ou zouker un peu dans mon assiette. Alors que le prédateur qui sommeille en moi commençait un peu à sortir les crocs et pointait le bout de ses griffes acérées, j'apprends qu'il est possible de se procurer du lapin. Apparemment, à non loin de Niafunké il est possible de traquer du lapin, les seuls outils nécessaires à cette chasse sont: un véhicule et un fusil.
Chasser le lapin nécessite un peu de patience, un bon chasseur, et une nuit bien noire. Lorsque ces éléments sont réunis il est alors possible de ramener jusqu'à 5 ou 6 lapins en une seule sortie. Ni une ni deux, je me procure un bon chasseur (livré avec son fusil et ses cartouches), je le pose sur la banquette avant du véhicule (lui muni d'un chauffeur) et dès la tombée de la nuit nous nous mettons en quête du précieux mêts au grands oreilles.
Mon côté fleur bleue m'avait amené à penser que le véhicule était un outil de locomotion, permettant d'amener un individu d'un point A vers un point B et ce dans des conditions de confort. La suite va me montrer que dans la chaîne alimentaire, le T****A L**d C*****r est un prédateur redoutable.
Imaginez donc, un chasseur et son fusil, un chauffeur et son véhicule, moi et son même embarqué dans une petite session de chasse au la-pin en brousse. La technique rodée consiste à se promener à petit rythme dans les grands espaces à la recherche du succulent plat du lendemain. Tout allait bien dans le monde de Bambi cher à Panpan et consorts jusqu'à ce que...
Dans le faisceau des phares apparaîsse un laaaaaa-pin (wé kikik...). Et là, la machine se met en marche, le chasseur charge son arme (dans le véhicule, normal), le chauffeur traque la bête aidé du son 6 cylindres et une fois l'animal hypnotisé par les phares ou épuisé par la course, le chasseur met le pied à terre, arme son fusil... et constate que le lapin s'est fait la malle. Pas de souci, il remonte à bord et on recommence la poursuite. Sauf que manque de chance pour l'équipe, l'adversaire était de l'espéce lapinus Oudini et il lui a suffi d'un bond, d'un souffle entre ses grands oreilles pour disparaître. Pas découragée, l'équipe se remet en route.
Il n'a pas fallu longtemps avant de croiser un collègue de Chantal (dans sa version nocturne) qui cette fois semblait moins doué pour la prestidigitation. L'espace est ouvert, pas de cachette possible, pleins phares, immobilisé dans le faisceau, le chasseur fait mouche. Paf, dans l'oeil! Je vous passe l'épisode de la décapitation sans grand intérêt.
Le temps file malgré tout, et bien que le butin soit anémique, il faut bien retourner au bercail. Sauf que la nature est imprévisibile et qu'au loin un animal surgit. Il ne s'agit pas d'un lapin, mais d'un... chacal. Petit parenthèse nos amis les bêtes. Le chacal fait partie de la famille des canidés, dont un cousin lointain au chien du voisin. Peu convaincu que nous allions traquer Rufus, je me rassois dans mon siège. Sauf que Rufus allait passer un très mauvaise soirée. Devant l'excitation presque hystérique reignant à l'avant (le chasseur et le chauffeur tous deux locaux et amateur de chaire canine) je comprends rapidement qu'il y a un enjeu à chasser le petit prédateur. Quel enjeu? La viande. Me voilà rassuré, parce que quand même pour le sport cela aurait bien cruel... Et à en juger par la tension subitement exacerbée dans le véhicule par la présence du chacal (qui a ce moment là avait encore toute sa tête et était à l'extérieur du véhicule), elle doit être sacrèment bonne la viande de chacal. Vous savez quoi? Un chacal ça court sacrément vite et ça a un instinct de survie bien supérieur à un lapin. Autant le lapin a semblé résigné à l'idée de se faire déssouder à coup de carabine que le chacal ayant flairé le traquenard s'est lancé dans une course effreinée contre la mort.
Petit arrêt sur image: à cet instant là, un chacal court devant le véhicule pour s'extirper du faisceau des phares du véhicule... Image surréaliste de trois individus de race humaine protégés par une carapace de fer cachant accessoirement un moteur de camion poursuivant un canidé à 4 pattes haut comme trois pommes. Je ne sais pas s'il faut se sentir puissant ou ridicule, mais on a du mal à se sentir prédateur... ou alors en supra prédateur qui fausse les règles de la nature. Toujours est-il que le chacal court, et court encore et que le chasseur ne parvient pas à le mettre en joug. La course poursuite devient effreinée, le chasseur et son chauffeur atteignent un niveau d'excitation qui devient inquiétant, et je réalise qu'il n'y a qu'une seule issue pour le chacal qui blessé par la troisième salve semble montrer des signes de fatigue.
Finalement, alors que je me disais que ce brave animal s'était battu pour survivre et qu'en grands seigneurs nous devrions lui laisser la vie sauve une balle l'atteint et stoppe sa course. Je vous passe l'épisode de la décapitation.
Un malheureux renard connaîtra le même sort.
Bilan: un lapin, un chacal et un renard. L'équipe malienne est satisfaite... Le butin sera découpé et partagé sur place entre les forces en présence.
Et vous savez quoi? Je n'ai même pas mangé de lapin. Mais je sais qu'au nom de la protection de la nature j'éviterai d'aller chasser dans ses conditions à l'avenir. Juste histoire de pouvoir continuer à regarder Bambi et ne pas me sentir coupable.
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Bande Son: Sly & Robbie - Peaceful Warrior
Barbe: Non, j'vous jure M'sieur l'agent ch'uis majeur