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Talking Timbuktu
11 décembre 2008

Jour 1: J'aime pas Orly, j'préfère Charles de Gaulle

Puisqu'il faut partir...

Prélude:

Au départ, il y avait un jeune homme, un sac à dos rouge et un autre noir, puis un iPod (faut vivre avec son temps et surtout en musique)

Au départ, il y avait un jeune homme itinérant qui une fois de plus avait mis sa vie dans son sac à dos pour voguer vers de nouvelles aventures.

Au départ, il y avait donc un jeune homme deux sacs à dos, un iPod, sa bite et son couteau, qui prenait le bus vers un horizon lointain. Oui, parce que il faut y aller à Orly, c'est la banlieue quand même!

Intermède:

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"J'aime pas Orly, j'préfère Charles de Gaulle".  Ce cri du coeur n'est pas le mien, je ne citerai pas l'individu concerné, ça n'a pas vraiment d'importance. Quelles différences peut-il bien y avoir entre ces deux terminaux aéroportuaires?

Jusqu'ici aucune si ce n'est que, pourra y aller 'c'est quand même vachement plus galère, y'a pas le RER'. Certes... Débarqué du bus 3 heures avant le départ de l'avion, j'ai pris le temps d'observer, d'écouter et de réfléchir. Le terminal Orly Sud est un monde à part entière,je concède que chaque aéroport est différent, mais il y a à Orly Sud quelque chose de spécial. Un p'tit bout de France d'un autre temps. Orly Sud où l'on s'envole pour Abidjan, Bamako, Dakar, Ouagadougou, Casablanca, Alger, Oran, Tunis... Orly Sud port-fantôme d'un passé colonial révolu. Non pas que ces destinations ne soient pas proposées au départ de Charles de Gaulle, mais l'expérience vous le montrera. Sur ces destinations, les vols les moins chers se font depuis Orly Sud parce que les compagnies au nom tout aussi exotiques les unes que les autres n'ont pas la renommée ni l'aura de *** ******* (grande compagnie nationale s'il en est dont nous pouvons être fier) ou encore ***(mais si le collègue batave), ni même ***** ********(pour citer un américain ça fait toujours bien, puis ça va booster mon référencement Google).

J'ai bien du mal à croire que ce soit un hasard, que l'on sépare les flux touristiques des migrations pendulaires vers ces pays. J'ai bien du mal à croire que au nom d'un certain standing les activités 'commerciales' des deux pôles aériens parisiens aient été scindés.

Après tout dans Orly, y'a Sud. Dans Roissy,, y'a Charles de Gaulle. Exception culturelle française affirmée, lorsqu'on souhaite donner prestige et grandeur à un lieu ou monument où on réfère bien souvent au nom du grand Général. Non parce que Etoile c'est pas assez sympa, mais place Charles de Gaulle - Etoile ça en jette nettement plus. Le grand port-avion nucléaire révolutionnaire à la pointe du ridicule de la technologie francaise porte aussi le nom du libérateur. Donc quoi de plus normal de retrouver le fleuron aéroportuaire français associé au grand Charles.

Et puis y'a Orly Sud, la France d'après 1960. Hé ben moi je l'aime Orly Sud, avec ses sièges en plastique usé et ses guichets ultra modernes des 1980's. Orly Sud c'est le grand pont entre hier et aujourd'hui, c'est un grand 'salad bowl' où l'on part pour deux mois ici et là pour revenir en février. Orly Sud c'est la France aux multiples visages mais à certains rites communs: la fermeture des valises pleines à craquer devant le guichet, l'impatience de retrouver la terre d'ailleurs, les au revoir à ceux qui restent, les sourires plein d'anxiété.

Bon Orly Sud, c'est aussi des contrôles sécurité tellement bien organisés que si tu n'arrives pas 2 heures avant le départ de ton vol tu retardes le décollage de 130 personnes d'une heure. Peu importe, le temps attendra.

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Acte I:

Quelques heures et un Toblerone plus tard, l'avion se pose comme une fleur à l'aéroport Bamako Sénou. Je ne me lasse jamais de franchir le sas de l'avion et de poser les pieds sur le tarmac. Un rituel.

A l'arrivée, il y avait un jeune homme, un sac à dos rouge et un autre noir qui attendait son taxi. Après quelques mésaventures avec les taxis, j'ai pris le parti d'en trouver un honnête et de n'en référer qu'à lui. Et pour éviter l'assaut à la sortie de l'avion, j'avais pris le soin de le prévenir avant le décollage. Tablons sur le fait que l'avion avait une heure de retard, mon taxi n'était pas là. J'attends...

A l'arrivée de ces vols on n'attend jamais seul, il y a toujours un comité plus ou moins dense de taxis, marchands, et voyous voir les deux, à la recherche d'un client. Pour ma part, c'est Sékou qui m'a tenu compagnie en jurant mordicus que j'étais arabe (parce que mon mois syrien n'avait pas tout à fait fini par me convaincre) et en marchandant un peu de son temps de conversation, ne manquant pas de me rappeler que Dj Arafat a popularisé mon prénom dans toute l'Afrique de l'Ouest. Ce qui l'a amené à la conclusion suivante: tu as une tête d'arabe, un nom camerounais, tu es français et tu vis au Mali, t'es qui toi? Moi même parfois je me le demande. Ibrahim mon taxi, arrive 20 minutes plus tard en se confondant en excuses avouant qu'il avait oublié la référence du vol et qu'à l'heure indiquée il n'y'avait âme qui vive donc il avait filé. Passons, je suis dans le taxi cap sur l'hôtel.

Acte II:

Les animaux sont surprenants (je suis sûr que cette phrase-là vous ne l'attendiez pas). Séquence 30 millions d'amis. Vous connaissez tous l'histoire de Brutus adorable caniche nain abandonné à 3000km de chez lui pendant une excursion dans la taïga russe et qui était revenu chez lui 3 ans plus tard au foyer  qui l'avait vu grandir dans le Vercors, à pattes cela va s'en dire. Hein vous vous en souvenez? Allez, un p'tit effort? Il y a quelque chose en moi de Brutus. Lors de ma première venue à Bamako, on m'avait fait descendre à un hôtel. Des mois et 5000km plus tard, je suis revenu au même endroit. Bon sauf que là c'était complet.  Heureusement mon taxi avait un plan B. Direction un autre hôtel qui ne propose pas de chambres... mais des suites à prix raisonnable. J'avais pas le coeur à me lancer dans un grand benchmarking à la façon Routard, donc banco pour cette nuit. Un peu abruti par le voyage, je prends place dans ma suite... immense! Impression accrue par l'absence de meubles, mais immense quand même.

Une douche plus tard, je zone un peu dans mon nouvel hôtel histoire de prendre mes marques. C'est au restaurant que j'ai eu le flash. Les modèles de table, je les connaissais, je les avais déjà vu quelque part. Le temps de rassembler mes esprits... et... c'était en Chine!!!! Du mobilier chinois en plein centre de Bamako. Du coup, je me mets à regarder tout le mobilier. Chaises chinoises, tables chinoises, commodes chinoises, électronique chinois... véhicule de fonction chinois. Partout.

Après les ukrainiens, les chinois. Surprenant Mali.

Histoire de pas perdre pied avec la métropole je m'avale 4 rotations de journal télévisé sur France 24, puis un peu de folkore sur Trace TV.

Acte III:

Ce qui est agréable dans une suite, c'est l'espace. Le style épuré. J'aurais bien échangé l'immonde commode contre une lunette de toilettes complète et des draps. Tant pis, pas le coeur à râler. Demain sera un autre jour.

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Bande Son: Kanye West - Love Lockdown

Barbe: 10 bons jours

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