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Talking Timbuktu
21 décembre 2008

Jour 18: Haro sur le bodet

Que reste-il de l’héritage des Lumières ? Qui à part quelques intellectuels autoproclamés et éminents penseurs peuvent prétendre porter l’héritage de nos pères ?

Je me demande qui se lève le matin, fait ses lacets et se sent héritier  de nos éminents aïeux. Personne ? Et pourtant, le lustre de la culture française repose en grande partie sur ses fromages, son foie gras, son champagne et… sa révolution. Pour ceux que l’histoire rebute un peu, c’était il y a maintenant presque 220 ans. Entre temps, la France et ses charmants français a eu l’occasion d’apprendre l’humilité. Pour prendre un exemple récent et pas trop sévère historiquement parlant, les Pays Bas nous ont quand même passé 4 buts, on a beau dire, ça fait mal. Je m’écarte un peu de mon sujet.

Le discours du président de la République Française, appelons-le Nicolas S., lors du soixantième anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme, m’a inspiré cette remarque, après m’avoir laissé honteux et un peu abasourdi par les propos.

Pour ceux qui ont loupé cette grande intervention, Nicolas S., devant un parterre éminent de Prix Nobel grisonnant, s’est fendu d’un discours sur fonds de cocorico. Histoire de rappeler que Walesa, Mandela, et consorts ont peut être eu des bonnes initiatives mais qu’à la base le concept il est français avec un label rouge sur la fesse droite. Allons enfants…60 millions de français se lèvent le matin en embrassant le portrait de nos illustres penseurs et en se répétant autour d’un bon bol de café que tous les êtres naissent libres et égaux en droit. J’ai un peu du mal à y croire.

Notre héritage n’est-il devenu qu’un simple prétexte, un lustre terni par les 220 ans passés au cours desquelles desquelles les ambassadeurs des idées des Lumières sont allés les vendre ailleurs ou les ont gardés au chaud pour mieux les ressortir le moment venu ? Regardons ensemble dans le rétroviseur de notre histoire, ni la tienne, ni la mienne, disons la notre. Que voyons-nous ? Oui, je sais, c’est pas très beau à voir. Si on plisse bien les yeux, la Lumière, elle brille au loin et plus très fort.

Regarder ainsi mon président prétendre représenter 60 millions de philosophes en puissance, ça déstabilise forcément un peu. Le pire était à venir.

A l’instar de George W. Bush énumérant la liste des états voyous représentant une menace pour la paix mondiale il y a de cela quelques années, Nicolas S. président des Lumières de la République Française et affiliés de l'Union Européenne, se lance dans les dénonciations des états voyous représentant une menace pour les droits de l’homme. Sur le papier c'est cohérent. Avant que commence la terrible énumération, je ne pouvais m’enlever de l’esprit que la seule raison pour laquelle Nicolas S. se permettait de tels propos était qu’il était français, le premier d’entre eux pour encore quelques temps. Cela constitue un prétexte suffisant?

Avant que l’on ne m’attribue des propos qui ne sont pas les miens, je ne nie pas le fait que certains pays violent les droits de l’homme, et que leurs dirigeants devraient être jugés pour cela. Et que des peuples souffrent sous les yeux d’une communauté internationale parfois impuissante. Méchant Kim Jong, méchant lâche ce peuple tout de suite...

Ce discours fut une farce dont nous pouvons avoir honte. Ont été nommés : le Zimbabwe et le Soudan. Pour le premier parce qu’il laisse ses compatriotes mourir du choléra prétendant que jusqu’ici tout va bien. Pour le deuxième, parce qu’il instrumente sur son sol l’un des pires génocides de ces dernières années. Au nom du respect des droits de l’homme, je cautionne tout à fait que l’on puisse critiquer ces deux régimes (après tout moi aussi je suis français, je peux donner mon avis non?). Je m’interroge simplement sur la légitimité du président en exercice à balancer des noms. Et tout comme le monde a tremblé lors du discours de Bush, j’ai tremblé et baisser la tête lors du discours de Nicolas S.

Tremblé devant l’hypocrisie du discours. La critique est d’autant plus aisé que ces pays ont un point commun intéressant: ce sont d’anciennes colonies britanniques. Souviens-toi de Trafalgar (et de la dernière demi finale de la coupe du monde de rugby) sacré Gordon ! Prends ça dans les dents ! Ton Commonwealth part en sucette, le Pakistan et l’Inde souffle sur les braises atomiques et ton passé colonial te rattrape.

Taper sur l’anglais est un sport national, et il aurait dommage de ne pas le clouer sur le pilori des droits de l’homme. L’occasion était trop bonne.

Ce discours est aussi un formidable coup de pied en touche (restons rugby) pour éloigner les critiques  du camp français. Alors qu’un rapport (mission parlementaire conduite par Jean-Louis Christ, député du Haut Rhin) fustige la politique française en Afrique de l’Ouest en critiquant les rapports exclusivement économiques qu’entretient le pays en maintenant des dirigeants qui satisfont les intérêts français au dépends des priorités de développement des pays concernés. Je ne citerai délibérément pas de noms ici, mais pour les curieux il est relativement facile de se renseigner.

Un discours, un homme, un passé, 3 dirigeants. Pour quels résultats ? J’attends… Ces paroles ne permettront pas au choléra de disparaître du Zimbabwe, aux réfugiés du Darfour de trouver la paix et à la France redorer son blason sur l’autel des Droits de l’Homme.

PS: ici ça va.

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Bande Son: Groundation - Pictures on the wall

Barbe: Speak arabic? Shouaye...

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